"Genève, ce sera Clermont-Ferrand, sans Michelin"
Sous la pression de l'UE, la Suisse pourrait mettre fin aux cadeaux fiscaux consentis aux multinationales. Un choc destructeur pour Genève.
Le socialiste Charles Beer, vice-président du Conseil d'État (gouvernement) genevois, n'a sans doute rien contre la capitale de l'Auvergne. Il souhaite seulement frapper les esprits : "Genève ne sera plus concurrent de Luxembourg, mais de Clermont-Ferrand. Et encore, ce sera Clermont-Ferrand, sans Michelin", lance-t-il jeudi matin lors d'une conférence de presse.
Les raisons de ce cri d'alarme : depuis cinq ans, la Commission européenne demande la Suisse de mettre fin aux statuts fiscaux cantonaux "qui faussent la concurrence et entravent le commerce de marchandises". En clair, les cantons, en particulier Genève, attirent les multinationales, notamment du négoce, en leur proposant un taux (très) réduit sur les bénéfices : 3,3 % pour le canton et 0,8 % pour la commune.
Plus question d'inventer des magouilles
La cité de Calvin a ainsi pu accueillir 1 081 sociétés baptisées "auxiliaires" ou "mixtes", dont l'activité commerciale est essentiellement orientée vers l'étranger. Des entreprises qui font travailler 21 000 personnes, apportent 3,2 milliards d'euros de valeur ajoutée, et 800 millions d'euros de recettes fiscales. C'est beaucoup pour un canton de 450 000 âmes.
"Depuis 2007, la Suisse est en discussion avec l'Union européenne. Certes, nous pouvons nous dire que nous avons gagné cinq ans. Mais nos partenaires tiennent un autre discours : ils refusent dorénavant de se faire balader. Plus question de jouer les malins et d'inventer des magouilles la petite semaine", lâche franchement le Vert David Hiler, ministre genevois des Finances.
Comment garder les multinationales
Avant même que Berne ne prenne la parole, Genève reconnaît qu'il est dorénavant inutile de tergiverser face l'Union européenne. (...)